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sur cinquante vers qui sont de toute beauté : les plaintes du marquis, et la pièce reprend, insignifiante comme devant[1]. Mais ces cinquante-là ne m’ont pas fait regretter d’avoir lu tout ce qui précédait.

À propos, que vais-je lire maintenant ? J’ai lu le mois dernier Numa Roumestan, l’Innocent (de Pouvillon) et Quatre-vingt-treize. Mais tout cela est fini. Vais-je commencer Paul et Virginie ? Peut-être bien[2].


Dimanche, 26 juin, 9 h. 1/2.

Paris est ravissant en ce moment. Je reviens du Bois, et enthousiasmé. Les feuilles sont toutes vertes, l’air est bleu, le sable arrosé a une odeur de mer[3], les toilettes sont neuves, les femmes sont jolies, et tout le monde est de bonne humeur.

Nous sommes partis, Georges et moi, à trois heures, et nous avons été prendre l’hirondelle pour Suresnes. Dieu ! que ce bateau m’agace ! Rien que des épiciers, de gros hommes qui viennent étaler leurs bedaines et leurs breloques, et leur gros rire, et leur air commun. Pas une figure distinguée, pas une jolie femme, rien qui puisse arrêter

  1. À quelle heure te couche-t-on, mon petit Pierre ?
  2. Tu ferais mieux de relire le début de Ratbert. En 1890, à la Grande-Chartreuse, tu en parleras sur un autre ton.
  3. Pas mal, mon gosse. « L’air est bleu », c’est même très bien. Tu commences à m’intéresser.