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nuages et passons tout prosaïquement[1] à ce que j’ai fait aujourd’hui.

Eh bien ! ma journée s’est passée à peu de choses près comme les précédentes et comme se passeront probablement les suivantes. C’est pourquoi ce journal sera surtout un recueil d’impressions bien plus qu’un recueil d’événements d’ici à ce que j’aie l’âge d’homme.

Ce matin, cours de M. Bémont sur les guerres de religion. Il démontre que la cour de France est irresponsable de la Saint-Barthélemy et que c’est le peuple[2] qui l’a faite. Après tout, c’est possible, mais j’ai des doutes, car M. Bémont a toujours la manie de dire le contraire de ce qui est admis généralement[3]. C’est la mode comme cela maintenant chez les historiens de la nouvelle école.

Après le déjeuner chez Védel, j’ai été lire au Luxembourg quelques pièces de la Légende des Siècles[4] que je me suis achetée mardi soir (les 3 séries). J’avais derrière moi un tube d’arrosage, qui a eu la mauvaise inspiration de m’asperger le cou de temps en temps. Je n’ai pourtant aucune végétation à y faire pousser[5]. Cela ne m’a pas

  1. Et puis je te défends de manquer de respect au langage de Dieu qui est la prose : « Sum qui sum ».
  2. Bravo pour le peuple !
  3. Tu verras plus tard, mon petit, avec quel plaisir on prend le contrepied de la bêtise humaine.
  4. Ça, c’est bien, continue.
  5. Giglio, sois sérieux !