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Vendredi, 24 juin 1887, 9 heures du soir[1].

Je vais donc écrire mon journal !

Pourquoi ?

À quoi bon ?

Eh ! Mon Dieu !… Pour bien des raisons. Il me passe maintenant par la tête toutes sortes d’idées, de réflexions que je n’avais jamais eues avant, et que j’éprouve un besoin féroce de coucher sur le papier[2]. Il me semble que cela me fera plaisir plus tard, quand je serai vieux, que j’aurai trente-cinq ans[3], une femme assommante, six enfants sur les genoux, de la barbe au menton et un rond de cuir sous… moi, de relire les pensées baroques que j’avais à seize ans. Vous serez alors, Monsieur,

  1. Pages annotées en 1918.
  2. On ne dit pas ça. On dit : écrire.
  3. Innocent ! Tu seras plus jeune à 43 ans qu’à 16 et jusqu’au printemps de 1914 tu plaindras les autres printemps.