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superbe. Je le dis sans faux enthousiasme, sans emballement aveugle, en pleine sûreté d’idée et de jugement ; c’est un chef-d’œuvre. Cela peut avoir un succès énorme comme René, ou tomber à plat comme Dominique, mais qu’importe ? Mon opinion restera immuable.

Dans le premier cahier, ce qui est tout à fait supérieur, c’est le caractère féminin. C’est un type absolument créé, et qui a une vie étonnante. Mais ce qui me paraît absolument déplorable, ce sont les sentiments qu’il inspire à André. Il y a vers le milieu des passages navrants. La dernière page, heureusement, est exquise.

Le second cahier, qui commence très habilement par un paquet de philosophie destiné à reculer complètement dans l’ombre les scènes doubles du premier, s’élève subitement, à la mort de M., et toute la fin est extraordinaire.

Je suis bien heureux, heureux comme pour moi.


Mardi, 28 octobre.

Ce soir, chez Mallarmé, on parlait de la Princesse Maleine, le drame nouveau qui vient de faire connaître Maeterlinck aux gens du monde — dont je suis en cette occasion. Bernard Lazare faisait remarquer que la grande originalité de ce théâtre consistait à ne pas créer de caractères, mais à don-