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Nous avons parlé de Gautier. Il regarde Émaux et Camées comme un pur chef-d’œuvre. « Il y a peu de livres plus beaux que le Capitaine Fracasse. » Vers la fin de l’Empire, dans la rue, un jour, Gautier lui a dit ceci : « Je passe tout mon temps, quand je n’écris pas, à composer ce que je vais écrire, mais dès que j’ai la plume en main, j’écris tout autre chose. »

Nous avons parlé d’Hugo aussi, il croit que sa défaveur actuelle sera très passagère.

Il m’a promis par deux fois un quatrain pour mon manuscrit de ses œuvres, qui l’a ravi, parce que je lui ai donné « une écriture définitive ».

J’irai le revoir dans quinze jours.


18-19 octobre, 1 h. matin.

Pourquoi le théâtre m’attire-t-il ainsi ? Pourquoi, depuis un mois, la pièce rêvée danse-t-elle devant mes yeux avec une insistance qui ne se lasse pas. Et hier, et avant-hier…

Avant-hier, c’était la répétition générale de Fleur d’avril, la première pièce de Vicaire. Tausserat m’avait prévenu, et à deux heures et demie j’étais dans la salle de l’Odéon, tendue de bâches grises relevées par endroits sur les fauteuils d’orchestre et de balcon. Je n’avais pas encore vu de répétition et cette grande cave vide m’intéres-