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points de la nef, de tous les cœurs battants monte un hymne de foi. Les chevaliers l’entonnent, debout, la main sur l’épée, et c’est un chant tranquille, apaisé, sûr de lui-même, ignorant du doute, affermi pour jamais ; les accords des cors scandent les voix graves. Puis les enfants avec leur bouche ronde chantent la ferveur au bien-aimé ; c’est la même prière, mais adoucie par leurs voix pures ; et leur lente et naïve mélopée se mêle aux fumées de l’encens, tandis que les adolescents debout sur l’autel font tourbillonner leurs parfums comme un nuage céleste autour de la coupe adorée.

4e point. — Mais tout cesse. Avec les lumières éteintes la coupe est rentrée dans l’ombre ; le sacrifice mystérieux s’accomplit. Plus déchirante, plus désespérée, la plainte du Christ est encore entendue, avec des sanglots et des pâmoisons où elle s’atténue avant de se conclure. Une quatrième fois, elle recommence, presque méconnaissable, torturée, mutilée, navrante, et se perd dans un frisson. Puis la sombre vision s’éclaire, le cauchemar se dissipe et la coupe une fois de plus s’illumine, dans une gloire éthérée.

Colloque — Je me représenterai, — non la Beauté, « mode » de Dieu, qu’un anthropomorphisme souillerait et réaliserait, — mais l’Inspiration, la grâce si l’on veut, que les anciens appelaient la Muse, et que j’évoquerai féminine et long voilée.

Anima fidelis. — Ô Grâce, divine inspiratrice