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Méditation proprement dite.

1er point. — C’est d’abord une voix prophétique qui monte dans les violoncelles, se maintient dans les hauteurs, s’affirme, oscille et se tait. C’est une exhortation divine, une parole supra-terrestre… et le silence se fait ; mais dans le cœur des hommes son souvenir vibre longtemps, et subsiste délicieusement, impression montante comme elle, qui plane sur l’orchestre avec une teinte crépusculaire, et s’évanouit. Silence infini.

Mais la voix reprend, plus triste. Elle répète la même phrase, mais désolée, gémissante ; c’est la plainte d’une angoisse éternelle ; c’est la parole suprême, le dernier adieu d’un envoyé divin sur la terre : Faites ceci en mémoire de moi. La voix monte douloureusement, se maintient dans les hauteurs, s’affirme, oscille et se tait. Et une fois encore vibre son souvenir dans les cœurs des hommes, teinte ascendante qui s’élève de l’orchestre, pâlit et s’efface. Silence infini.

2e point. — Des tons d’or éclatent du fond des trombones ; la lueur s’élève lentement, comme un ciboire soutenu par deux mains, — s’élève encore et reste lumineuse et haute ; c’est l’Élévation ; Parsifal a pris le Saint-Graal au son de la voix divine qui répétait les paroles du Christ, et, aux yeux des chevaliers prosternés, avec la coupe sanglante il officie !

3e point. — Alors, de toutes parts, de tous les