Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’homme. Vous avez appris qu’il a été dit : Admirez les sonorités et les teintes, les nuances infinies du monde, mais moi je vous dis : ce n’est point seulement une occupation momentanée, un passe-temps, une distraction, c’est le culte grave entre tous, c’est le but sacré de la vie humaine. Que pas un jour, pas une heure ne se passe, pas une minute en vérité, sans que cette fonction de l’âme ne la remue profondément. Soyez pénétrés. — Au moment des élévations, ne soyez pas comme les hypocrites, qui, sans rien aimer ni sentir, entassent leurs médiocrités au pied des montagnes à la mode et sur les plages courues du monde ; je vous le dis en vérité ils ont reçu leur récompense ; mais quand vous chercherez des émotions pures, fuyez les regards de la foule, car la beauté se réfugie dans la solitude silencieuse ; et la retraite est favorable aux émotions prolongées. — Et comme on lui demandait l’essence du culte, il répondit : Aimez la Beauté : la loi et les prophètes sont là.

Dans le second ouvrage, je ferais vivre un religieux : un poète. Comme le religieux de l’Imitation, sa vie eût été brisée. Brisée par amour sans doute. Et il chercherait dans la contemplation le remède unique. Quaere aeterna. Il parlerait de ceux qui, intellectu illuminati, ad aeterna semper anhelant. Et entre l’idéal et lui, des colloques mystiques s’établiraient. La Muse, incarnation du Beau, ou de l’aspiration au Beau, lui dirait : Audi, fili, verba