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En somme, quels sont mes défauts et de quoi dois-je me corriger ?

D’abord, je suis faux. L’éducation brutale que papa m’a donnée m’a habitué à être craintif et dissimulé. Je ne fais rien de mal, et pourtant je n’avoue pas ce que je fais. Je me dis continuellement : « Si Georges me demande ce que j’ai fait, qu’est-ce que j’inventerai ? »

C’est odieux, tout simplement. À partir d’aujourd’hui je prends la résolution d’agir autrement.

Ensuite, je deviens paresseux. Mes espérances, si douteuses (!), me font oublier ce que j’ai à faire. Je ne pense plus qu’au printemps, aux femmes, aux vers. Si cela continue, je serai refusé au bachot.

Donc, il faut que je devienne sincère et laborieux.

C’est bien.

Et maintenant je dis adieu à ce premier cahier qui renferme mes secrets les plus chers, à qui je me suis confié tant de fois, quand j’avais besoin de m’épancher, et que j’ai tant de plaisir à feuilleter déjà, pour penser un peu en arrière et revivre ma vie passée.