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aussi bien des choses à développer. Ce serait encore à examiner.

Enfin, je ne sais pas ! Je cherche ma voie, je me sonde, je m’examine, je me tâte, au moment de commencer ma vie, plein de désirs, plein d’ambition… plein d’espérances, peut-être…

…Et bien heureux sûrement.

Être en mai ; avoir dix-sept ans ; et devant soi quelque chose de vague qui pourrait bien grandir bientôt.

Oh ! quelle joie !


Même jour, 6 heures.

Je viens de lire la fin du journal de Moussia. C’est horriblement triste, ces trois jeunes gens, tous trois pleins d’avenir : Moussia, Bastien-Lepage et mon frère Paul, mourant ainsi, ensemble, à quelques jours d’intervalle, de la même maladie, à l’entrée de la vie.

Je suis navré. Le cœur me serre.

Ah ! À quoi bon tous mes projets, à quoi bon toutes mes ambitions, puisque moi aussi je mourrai phtisique ?

À quoi bon la vie alors ? À quoi bon le monde ? Pourquoi tout cela ? Pourquoi peiner, souffrir ? Pour qui ? Y a-t-il un Dieu ? Pourquoi ne se montre-t-il pas ? Pourquoi vivre ? Quel est le but de toutes ces tribulations ?

Dieu ! que je suis triste !