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sens bien que jamais je n’aurai assez de persévérance ou de souffle pour aller jusqu’au bout d’un roman[1].

J’ai bien des sujets déjà qui me trottent dans la tête.

Je ferai une Marie-Madeleine. C’est un sujet qui m’a toujours tenté ; mais en laissant de côté la légende stupide de Marseille et de la Sainte-Baume. Dès que le Christ est monté au ciel, Marie-Madeleine n’a plus raison d’être. Je traiterais cela autrement que le père Lacordaire, avec une pointe de scepticisme, beaucoup plus de poésie, et surtout beaucoup moins de respect des textes. C’est une légende, traitons-la en légende et arrangeons-la à notre bon plaisir. Je mettrais Massenet en prose, pour tout dire en un mot.

Peut-être pourtant remonterai-je plus haut et parlerai-je de Marie-Madeleine dès sa quinzième année. Un premier contraste entre sa vie de famille et la vie de plaisir qu’elle mène plus tard, un second contraste entre sa vie écœurante et son amour pour le Christ me paraissent intéressants. Il y aurait même là matière à un grand roman, comme Salammbô. C’est à voir.

Ruth et Booz, la Reine de Saba, sont encore bien tentants.

Dans les légendes de la Thébaïde, il doit y avoir

  1. Comme on se connaît mal !