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une Cythère avec un printemps éternel ? Des femmes charmantes qui ne demandent qu’à vous aimer, des forêts superbes, sans animaux malfaisants, bêtes ou hommes, l’hospitalité comme sous Ménélas, et le bonheur comme sous Adam.

Mais c’est le Paradis.

La France est heureuse, vraiment. Elle a Paris, Cannes, l’Algérie et Tahiti. Qui me citera un pays au monde comparable à un de ces quatre-là ?

Oh ! Quand pourrai-je ?…


Vendredi, 4 mai 88.

Que je suis vaniteux ! Ce matin, j’ouvre Littérature et Philosophie mêlées pour la première fois. Je lis ce que V. H. écrivait en 1819, c’est-à-dire à dix-sept ans, et je me disais que j’ai maintenant l’âge qu’il avait alors et que je serais parfaitement incapable d’en faire autant.

Pas possible !

Eh bien ! c’est égal, je ne sais pourquoi, quand j’ai réfléchi après à la sottise que je venais de penser, cela m’a fait plaisir, je ne sais pourquoi.

Lu hier un article hugolâtre d’Albert Wolff sur les dessins de V. H… « Ce n’est pas seulement un grand poète qui s’amuse à dessiner, dit-il, c’est un artiste, c’est un grand peintre qui se révèle. » Et il propose de mettre ces dessins au Louvre à côté de ceux de Raphaël et des autres.