Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On le changera. « Mon ami, reçois de ma main ce cadeau précieux », me dit-elle deux heures après en me tendant une délicieuse boîte d’allumettes en ivoire, avec un pierrot dessus, jouant une sérénade. Enfin Marguerite, en me remerciant de mes bonbons, me donne une horreur de petit calepin très incommode, mais très gentil. Je la remercie avec effusion. Le soir, dîner chez ma tante et soirée intime chez les François. On ne s’est guère amusé. Rentré à minuit et demie.


Jeudi, 5 janvier 88[1].

Que serai-je plus tard ? Comme profession, je suis fixé depuis longtemps, je serai diplomate. Mais ne serai-je que cela ?

p Je ne crois pas. Je ne me dissimule pas que je ne brille pas par l’habileté et la finesse, et je doute que j’acquière jamais ces deux qualités. J’échouerai donc consul général dans un trou quelconque, et je n’irai jamais plus loin.

Et pourtant j’ai comme un pressentiment que je serai quelqu’un.

Cette idée ne m’est pas venue toute seule. Je ne suis pas assez orgueilleux pour cela[2]. C’est Georges qui, dernièrement, lisant un de mes de-

  1. Il faut noter cette date qui ouvre ma vie actuelle. Déc. 97.
  2. Hin ! hin ! 13 mars.