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couloir, entièrement noir et muet, qui mène à la flèche, j’avoue que je n’étais pas très rassuré. Lucie non plus ; elle l’a dit à Jacques en rentrant. « Cette vieille femme avait l’air si méchant. — T’aurais mieux aimé qu’il entre là dedans avec une jeune fille ? lui a dit Jacques. — Oh ! mon Dieu oui ! »

Et moi donc ! Il y avait là un petit escalier bien noir, bien muet, bien étroit, bien désert, où on aurait pu faire toutes sortes de gaillardises avec une fille pas trop pimbêche. Mais celle-là me faisait frémir.

Très belle flèche et vue superbe, du premier étage. D’en haut, on ne voit pas assez net.

En somme, ascension très curieuse. 817 marches.

Je suis parti de Rouen ce matin à huit heures et demie. Premier voyage sans incident avec un monsieur causeur et tannant qui m’a offert très complaisamment la moitié de sa couverture. Froid de loup ; les vitres gèlent à mesure qu’on les essuie. Il a gelé blanc pendant la nuit. À perte de vue la terre est sèche et les herbes sont blanches. L’horizon est gris et le ciel aussi. Le soleil n’existe pas.

Trouvé Georges à la gare Saint-Lazare. Il a vu papa avant-hier accompagnant M. Landouzy à Dizy.

Le second trajet a été plus drôle. J’ai été seul presque tout le temps, de sorte que j’ai pris mon violon, j’ai déballé Marie-Magdeleine et je me suis