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Mademoiselle ma cousine est une petite cocotte[1]. Ce n’est pas un reproche que je lui fais, c’est un trait que je constate. Elle se conduit envers moi absolument comme ferait une de ces demoiselles. Ce sont des agaceries continuelles, de petits coups de genou sous la table, une manière particulière de vous embrasser, la manie de se pendre à mon cou ou sur mes épaules quand nous regardons quelque chose ensemble, le soin qu’elle prend, dans cette position, de me frôler la joue avec ses petits cheveux, enfin le souci de plaire, continuel, incessant[2].

Et, comme je ne suis pas joli garçon, que je ne suis pas spirituel et que je n’ai rien du tout de séduisant dans toute ma personne[3], il m’est impossible, avec la meilleure volonté du monde, de me figurer qu’elle a un penchant particulièrement tendre ou affectueux pour moi, et je suis par conséquent amené à déduire de là qu’elle agit de même avec tout le monde, et c’est ce que j’appelle se conduire comme une petite cocotte[4].

Ce n’est pas du reste que je m’en plaigne, bien

  1. Eh bien !
  2. Et je ne pouvais comprendre que tout cela signifiait seulement : « Dis-moi que tu m’aimes.» Ce mot-là, que je n’ai jamais dit, c’était « Sésame ».
  3. Mais veux-tu te taire, sale gosse !
  4. Et en 1918 c’est ce que j’appelle faire de la psychologie comme un serin adolescent.