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fais-tu ça ? Qu’est-ce qu’il y a dans cette pièce-là ? — Moi ? j’sais pas c’que c’est, hé, hé… » Elle aperçoit la commère et lui fait de l’œil de la façon la plus désopilante. Les bras ballants, elle écarte les mains, fléchit un genou, et fait une frimousse qui fait pâmer tout le monde. « À bas Loguengrin, guengrin, guengrin, » chante-t-elle. On la bisse, on la rappelle. Une ovation.

Le défilé continue : les personnages du roman du Petit Journal, admirablement grimés d’après les gravures qui salissent tous les murs de Paris ; un tzigane, du Bois de Boulogne ; le roman moderne, une actrice en maillot collant, et d’un décolleté ! Un paysan (Milher) vient dire avec beaucoup de talent des couplets assez bien tournés sur la Terre ; puis, une actrice, dans un costume très séduisant, et très joliment dessiné, ma foi ! par Bianchini, accourt : « C’est insupportable ! Voilà qu’on vient encore de me changer de nom ! — J’devine qui vous êtes, dit Dailly : une rue d’Paris ? — Non. — Quoi, alors ? (Ici l’actrice baisse les yeux et est censée rougir. Puis elle emploie une périphrase qui est censée être convenable, pour expliquer sa profession.) — Ah ! une cocotte ? crie Dailly. — Non, on nous appelle des actives à présent. » Et elle chante un couplet où elle énumère tous ses noms, grisette, cocotte, horizontale, momentanée, et quinze autres. Enfin, elle appelle ses sœurs, nommées pompeusement par Wolff « bataillon de