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Je mets cependant au-dessus de tout cela l’entr’acte de l’Arlésienne. Je ne connais rien de plus grandiose que cela, à part l’ouverture du Tannhäuser, bien entendu.

Avec cela, l’adagietto et la seconde partie du prélude sont autant de chefs-d’œuvre. Le minuetto aussi, du reste, et le carillon, et tout !

J’ai rencontré M. Cart au concert pendant l’entr’acte, sur le balcon encombré de matériaux. Ô commission d’incendie, que tu es rasante !

Nous avons d’abord causé boîte, puis musique. M. Cart, comme tous les gens de goût, trouve que le Faust de Gounod n’est pas à comparer à celui de Berlioz. Il me cite l’Invocation à la nature et, dans la Symphonie, la Marche au supplice.

Rencontré aussi Tausserat et Brocchi.

En sortant, été prendre des nouvelles de Glatron, un peu souffrant, puis, promené de l’autre côté de l’eau. Première fois vu clair de lune sur la Seine. Ciel presque sans nuages, nuit presque complète, spectacle merveilleux. Je suis resté bien dix minutes Sur le pont des Saints-Pères à regarder la Cité noire sur le ciel de plomb, et la lune au-dessus, « hostie énorme ».

Je ferai une croix dans mon calendrier, à la date du 30 octobre.

Georges m’a lu hier soir pour la première fois du Heine.

Avant, jamais je n’avais éprouvé aucun plaisir