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Quand Psyché, introduite par une vieille servante, se fut assise dans le salon de l’abbé Tholozan, si différent de la chambre monacale où jadis le Père Pasquier la recevait sur une chaise de paille entre quatre murs nus, elle s’intimida comme une petite fille qui va se confesser pour la première fois.

À ce prêtre qui la connaissait mal et qui sans doute n’avait pas encore conçu pour elle toute l’affection spirituelle qu’une femme attend de son confesseur, elle allait faire l’aveu le plus humiliant qui fût encore sorti de sa bouche : l’aveu d’un péché futur.

Elle ne dirait pas : « Mon père, j’ai eu un instant d’égarement, on m’a surprise et j’ai péché. » Elle dirait : « Je suis prévenue. Je vois clairement où est le mal et je n’ai plus assez de volonté pour ne pas aller droit à lui si vous ne me retenez. » Ce qu’elle allait avouer, c’était pis qu’une faute : une lâcheté.