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une bien pauvre Psyché, qui n’a plus confiance en elle ! »

Elle laissa tomber les bras d’un air égaré.

La réponse fut prompte :

« Il faut tenir bon mais il faut savoir pourquoi. Si tu mêles les mauvaises raisons avec les bonnes, le jour où tu t’apercevras qu’un de tes arguments ne vaut rien, tous les autres s’écrouleront comme des châteaux de cartes. Tu as parfaitement le droit de prendre un amant si cela te fait plaisir et ne t’imagine pas que j’en serai scandalisée. J’apprendrais que M. Aimery Jouvelle a passé la nuit chez toi…

— Charlotte !

— … Ou l’heure du thé, si tu aimes mieux… eh bien ! je resterais ton amie, j’ai le regret de te le dire puisque cela t’étonne. Tu lui résistes, je t’approuve ; si tu lui cèdes, je te comprends. Et ne va pas te mettre en tête que tu es « déchue » à mes yeux quand tu ouvres tes bras à l’homme que tu aimes…

— Charlotte !

— Cela ne me regarde en aucune façon et cela ne regarde personne. Tu me parais craindre aussi l’opinion du monde : assurément le monde en sera curieux, mais il ne s’en mêlera pas, tu peux être tranquille. D’ailleurs, ton secret t’appartient, et tu peux le lui cacher bien plus facilement que tu ne sembles le penser, à moins que M. Jouvelle lui-