Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sion d’elle. Elle n’en continue pas moins d’être la maîtresse d’Aimery Jouvelle. Mais en secret. Et quelle distance, de ces amours parisiennes et furtives au libre épanouissement de leurs tendresses d’hier, dans le château perdu et dans son parc fleuri de paons blancs !

Psyché souffre déjà et chaque jour un peu plus. Pourtant son amant lui est fidèle. Mais elle le sent se détacher.

Car il n’aime plus. Et il n’a pas été très long à s’en apercevoir lui-même. Quelques heures de Paris lui ont suffi à voir clair en soi. Le printemps de l’Île-de-France vaut le printemps de la Bretagne. Aimery en a respiré les effluves avec tant de douceur que, tout de suite, le château de la Belle au Bois Dormant s’est estompé dans son souvenir comme une chose déjà très lointaine.

Alors, c’est la fin. Une fin très lente, un menu déchirement qui se prolonge, s’aggravant, s’élargissant.

Psyché Vannetty, certes, a lutté. Mais elle est le contraire d’une combative. Et puis, lutter est vite dit ! est-ce qu’on lutte avec le néant ? Une amoureuse se défend contre une rivale. Mais Psyché Vannetty n’a pas de rivale, — tangible. — Elle n’en a plus, depuis que la belle Aracœli est partie…

La belle Aracœli reviendra un jour. Mais, ce jour-là, la pauvre Psyché aura déjà, depuis des nuits, renoncé à l’inutile bataille. Puisqu’elle n’est