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rendant visite, rue de Boulainvilliers, à notre maître commun, l’entendit répondre à une question anxieuse :

Psyché ? cher ami ? J’ai terminé Psyché. Je l’ai même terminée, exactement, le 13 juillet de cette année.


Une telle parole m’apparaît décisive. Pierre Louÿs n’avait point accoutumé de se vanter, même à propos. La Psyché qui nous est parvenue n’est pas inachevée, mais mutilée. Et nous gardons l’espoir qu’un jour le dernier fragment, inexplicablement égaré, de cette grande œuvre sera restitué à la littérature française.


Ici, une objection s’impose : cette Psyché, vraisemblablement parfaite dès le 13 juillet 1913, pourquoi Pierre Louÿs ne la publia-t-il pas aussitôt ? pourquoi ne la publia-t-il jamais, au cours des douze années qu’il vécut encore, de 1913 à 1925 ?

Thierry Sandre et moi, qui avons été peut-être les deux plus intimes amis de Pierre Louÿs, au moins vers la fin de sa vie, hésitons un peu à dire là-dessus tout notre sentiment.

Pierre Louÿs eut en effet plusieurs raisons de garder sous le boisseau son œuvre suprême ; plusieurs raisons, dont beaucoup n’étaient que des prétextes, tant pour soi-même que pour autrui,