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ses yeux, sa bouche, sa poitrine pressante, sa tête secouée exprimaient avec tant d’élan. Réveillée de son inconscience elle regardait Aimery face à face, dans les prunelles, et ne le reconnaissait plus. Après avoir éprouvé sa propre joie, elle découvrait celle de son amant. Elle pensait : « Comment ! toi aussi ! »… Et alors elle ferma les paupières pour goûter jusqu’au fond de son être ce crépuscule de la sensation qui est l’heure ineffable de l’amour physique. C’était une clarté intérieure, une paix envahissante et saine, un frémissement lumineux qui montait, toujours plus tendre, de ses entrailles à sa pensée, de sa chair à son esprit, de son bien-être à son bonheur.