Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour ne rien obtenir que par elle, Aimery murmura sur sa bouche l’instance qui naguère l’effarouchait tant, Psyché, souriant vers le ciel, répondit : « Aimery ! » d’un ton qui voulait dire : « Pourquoi me le demandes-tu ? »

Elle devint pourpre. Le rouge intense de sa pudeur et de son plaisir enflamma sa belle tête couchée. Puis son regard se perdit lentement. Psyché ne vit plus rien ni hors d’elle, ni dans sa conscience éblouie.

Comme en songe, elle ouvrit avec les deux mains sa chevelure qui l’étouffait. Ses bras inertes retombèrent. Elle ne pensait plus. Gémissante, elle gisait dans ses cheveux défaits comme une victime poignardée. Elle sentait battre en elle son cœur accéléré qui forçait de hâte et de ferveur pour suffire à l’exaltation surhumaine de sa vie. Ses flancs haletaient. Sa bouche errante suffoqua tout à coup. Elle étreignit Aimery avec toutes les forces qui raidissaient encore ses membres délicats et elle poussa un cri ! un cri grave et âpre, tandis qu’elle étirait ses bras et que par toutes les extrémités de ses longs doigts étendus s’échappaient des secousses de volupté nerveuse qu’elle ne pouvait plus ressentir.


« Aimery ! répéta-t-elle. Aimery ! Mon Aimery ! » Elle ne savait plus lui parler. Il n’y avait pas de mots qui n’eussent affaibli tout ce que ses mains,