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de mots pour m’en disculper et je serais impardonnable de chercher une défense… Comment vous portez-vous ? Je ne vous ai jamais vue plus jolie que ce matin. Cette robe grise à parements blancs est une merveille. De qui est-elle ? Ne me le dites pas : je l’ai deviné. Ah ! Madame, j’ai bien vivement regretté de ne pouvoir assister à la soirée de lundi où j’ai su que vous aviez fait une brève apparition vers dix heures. Aurai-je le plaisir de vous voir demain rue de Marignan ? J’avais l’intention de m’excuser, mais si j’étais certain que vous dussiez venir, je renoncerais à tout pour vous baiser la main.

— Il est étonnant !… Je vous laissais parler dans l’espoir que vous vous troubleriez en vous expliquant, et vous submergez la conversation sous un tel déluge de banalités… Est-ce que vous auriez la conscience tranquille ?

— Non.

— D’où venez-vous à une pareille heure et dans un pareil quartier ?

— Ah ! Je comprends maintenant pourquoi vous m’accusiez de soupçon !

— Répondez.

— Vous serez satisfaite. Je conspire. Les conjurés sont assemblés…

— Ici ?… Non, vous vous moquez de moi. Parlez sérieusement. Qu’êtes-vous venu faire si loin de la Madeleine ?