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Sainte-Anne-des-Bois était une station solitaire, éloignée du village qui lui donnait son nom. Un abri, des affiches bleues ; des arbres ; deux employés paisibles qui semblaient des promeneurs.

Psyché, furtive, la tête basse et voilée, suivit rapidement le couloir et descendit sur le quai. Le cri du gravier sous ses bottines, dans le silence, la fit tressaillir. On n’entendait pas d’autre bruit que la légère haleine de la locomotive et un petit chant d’oiseau sur les peupliers. Elle fit deux pas de plus jusqu’à l’abri d’attente, et pour tourner le dos aux voyageurs du train, elle considéra, sans bouger, une affiche qui représentait une gitane devant un paysage andalou…

Mais le train, qui devait s’arrêter à peine, s’obstinait à rester là. Que se passait-il ? On détachait le fourgon qui avait transporté la voiture d’Aimery Jouvelle. Le débarquement d’une automobile à quai était une manœuvre peu familière aux em--