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valussent le mal qu’on se donne pour en faire le récit. Quels que soient le respect ou la hauteur du roi envers les peintres contemporains, les tableaux n’en sont ni meilleurs ni pires : tout cela est donc indifférent. Au contraire, il peut être bon et même grand qu’un artiste ose et puisse se mettre, non pas au-dessus du roi quelconque dont l’armée passe le long de ses murs, mais plus haut que les lois humaines, et plus haut que les lois divines, le jour où ses muses lui commandent de fouler aux pieds tout ce qui n’est pas elles.

Bryaxis s’était dressé.

Nous murmurâmes :

— Qui a fait cela ?

— Personne, peut-être, dit le vieillard avec un songe dans les yeux. Personne… si ce n’est Parrhasios… Et encore, fit-il bien ?… Je le croyais autrefois. Aujourd’hui, je ne sais plus que penser.

Ophélion me jeta un regard étonné. Mais je ne pouvais rien lui apprendre.

— Nous ne te comprenons pas, dis-je à Bryaxis.

Il pensa nous mettre sur la voie.

— Le Prométhée… fit-il tout bas.

— Eh bien ?

— Vous ne savez pas ?… Vous ne savez pas comment Parrhasios a peint le Prométhée de l’Acropole ?

— On ne nous l’a pas dit.

— Vous ne connaissez pas cette horrible scène ?