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Deux matins, deux jours et deux nuits interminables succédèrent. J’étais heureux, souffrant, inquiet. Je crois bien que sur les sentiments contradictoires qui m’agitaient en même temps, la joie, une joie trouble et presque douloureuse, dominait.

Je puis dire que pendant ces quarante-huit heures, je me représentai cent fois « ce qui allait arriver », la scène, les paroles et jusqu’aux silences. Malgré moi, je jouais en pensée le rôle imminent qui m’attendait. Je me voyais, et elle dans mes bras. Et de quart d’heure en quart d’heure, la scène identique repassait, avec tous ses longs détails, dans mon imagination épuisée.

L’heure vint. Je marchais dans la rue, n’osant