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nous repartons. Notre wagon est plein de jeunes Basques en béret qui semblent être des étudiants regagnant la prochaine université après les congés du jour de l’an.

À trois cents mètres de la station, le train s’arrête en pleine neige. Pourquoi ? nous n’en savons rien. Impossible même de descendre : la voie est unique et, des deux côtés, il y a deux montagnes de neige. Pour comble, les étudiants basques ouvrent la portière toute grande et dansent sur le marchepied une sarabande folle. Tout le froid de la neige entre et nous saisit, Louÿs grelotte dans sa couverture.

Le train repart, au bout de deux heures, et nous comprenons qu’il a fallu vaincre un éboulement causé par la fonte des neiges. Ces compagnies espagnoles sont si imprévoyantes qu’elles construisent des tranchées sans murs de soutènement.

Ainsi, déjà cinq heures de retard en arrivant à Alsasua. Le train continue, puis s’arrête ; et, après deux heures d’attente mortelle, il revient sur ses pas. Les étudiants battent des mains, mais le train s’arrête encore et reprend son chemin en avant. Il s’agissait d’une avalanche de neige qui avait barré la route.

Il était près de minuit. Nous avions huit heures de retard, et pas de dîner. Au milieu d’un froid intense, nous nous endormons fort mal.