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choisi parmi toutes les races une domesticité bariolée.

Au hasard des amants si elles concevaient un fils, on l’élevait dans l’enceinte du temple à la contemplation de la forme parfaite et au service de sa divinité. — Si elles accouchaient d’une fille, l’enfant naissait pour la déesse.

Le premier jour de sa vie, on célébrait son mariage symbolique avec le fils de Dionysos, et l’Hiérophante la déflorait lui-même avec un petit couteau d’or, car la virginité déplaît à l’Aphrodite. Plus tard, elle entrait au Didascalion, grand monument-école situé derrière le temple, et où les petites filles apprenaient en sept classes la théorie et la méthode de tous les arts érotiques : le regard, l’étreinte, les mouvements du corps, les complications de la caresse, les procédés secrets de la morsure, du glottisme et du baiser. L’élève choisissait librement le jour de sa première expérience, parce que le désir est un ordre de la déesse, qu’il ne faut pas contrarier ; on lui donnait ce jour-là l’une des maisons de la Terrasse ; et quelques-unes de ces enfants, qui n’étaient même pas nubiles, comptaient parmi les plus infatigables et les plus souvent réclamées.

L’intérieur du Didascalion, les sept classes, le petit théâtre et le péristyle de la cour étaient ornés de quatre-vingt-douze fresques qui résumaient l’enseignement de l’amour. C’était l’œuvre