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Elles étaient arrivées à la porte, où Djala, assise sur le seuil, tissait une serviette de lin. L’esclave se leva pour les laisser passer, et entra sur leurs pas.

En un instant les deux joueuses de flûte eurent quitté leurs simples vêtements. Elles se firent l’une à l’autre des ablutions minutieuses dans une vasque de marbre vert qui se déversait dans le bassin. Puis elles se roulèrent sur le lit.

Chrysis les regardait sans voir. Les moindres paroles de Démétrios se répétaient, mot pour mot, dans sa mémoire, indéfiniment. Elle ne sentit pas que Djala, en silence, dénouait et déroulait son long voile de safran, débouclait la ceinture, ouvrait les colliers, tirait les bagues, les sceaux, les anneaux, les serpents d’argent, les épingles d’or ; mais le chatouillement de la chevelure retombée la réveilla vaguement.

Elle demanda son miroir.

Prenait-elle peur de ne pas être assez belle pour retenir ce nouvel amant — car il fallait le retenir — après les folles entreprises qu’elle avait exigées de lui ? Ou voulait-elle, par l’examen de chacune de ses beautés, calmer quelques inquiétudes et motiver sa confiance ?

Elle approcha son miroir de toutes les parties de son corps en les touchant l’une après l’autre. Elle jugea la blancheur de sa peau, estima la douceur par de longues caresses, sa chaleur par des