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chés ? Que t’importe qu’ils m’aient vue ! Théano leur suffit, je la leur ai laissée. Ils ne m’auront pas Myrto chérie. Ne sois pas jalouse d’eux.

— Jalouse !… Je suis jalouse de tout ce t’approche. Pour que tes robes ne t’aient pas seule, je les mets quand tu les as portées. Pour que les fleurs de tes cheveux ne restent pas amoureuses de toi, je les livre aux courtisanes pauvres qui les souilleront dans l’orgie. Je ne t’ai jamais rien donné afin que rien ne te possède. J’ai peur de tout ce que, tu touches et je hais tout ce que tu regardes. Je voudrais être toute ma vie entre les murs d’une prison où il n’y ait que toi et moi, et m’unir à toi si profondément, te cacher si bien dans mes bras, que pas un œil ne t’y soupçonne. Je voudrais être le fruit que tu manges, le parfum qui te plaît, le sommeil qui entre sous tes paupières, l’amour qui te fait crisper les membres. Je suis jalouse du bonheur que je te donne, et cependant je voudrais te donner jusqu’à celui que j’ai par toi. Voilà de quoi je suis jalouse ; mais je ne redoute pas tes maîtresses d’une nuit quand elles m’aident à satisfaire tes désirs de petite fille ; quant aux amants, je sais bien que tu ne seras jamais à eux, je sais bien que tu ne peux pas aimer l’homme, l’homme intermittent et brutal. »

Rhodis s’écria sincèrement :

« J’irais plutôt, comme Nausithoë, sacrifier