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— Ma pauvre petite, dit le jeune homme, comme tu es émue ! Est-ce que tu as perdu le nœud de ton épaule, ou bien est-ce que ta poupée s’est cassé le nez en tombant ! Ce serait un événement tout à fait irréparable. »

La jeune fille lui jeta un regard douloureux ; mais déjà les quatre femmes, Philotis, Séso de Cnide, Callistion et Tryphèra, s’impatientaient autour d’elle.

« Allons, petite sotte ! dit Tryphèra, si tu as épuisé les tétons de ta nourrice, nous n’y pouvons rien, nous n’avons pas de lait. Il fait presque jour, tu devrais être couchée ; depuis quand les enfants flânent-ils sous la lune ?

— Sa nourrice ? dit Philotis. C’est Timon qu’elle veut nous prendre.

— Le fouet ! elle mérite le fouet ! »

Et Callistion, un bras sous la taille de Myrto, la souleva de terre en levant sa petite tunique bleue. Mais Séso s’interposa :

« Vous êtes folles, s’écria-t-elle, Myrto n’a jamais connu d’homme. Si elle appelle Timon, ce n’est pas pour coucher. Laissez-la tranquille et qu’on en finisse !

— Voyons, dit Timon, que me veux-tu ? Viens par ici. Parle-moi à l’oreille. Est-ce que c’est vraiment grave ?

— Le corps de Chrysis est là, dans la rue, dit la jeune fille encore tremblante. Nous le portons