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la boule mouvante d’un jeune sein déjà trop mûr qui gardait deux stigmates de pourpre.

Dès qu’elle aperçut Myrtocleia, elle partit brusquement de cet éclat de rire singulier que tout le monde connaissait à Alexandrie et qui l’avait fait surnommer la Poule.

C’était un interminable gloussement de pondeuse, une cascade de gaieté qui redescendait à l’essouffler, puis reprenait par un cri suraigu, et ainsi de suite, d’une façon rythmée, dans une joie de volaille triomphante.

« Un œuf ! un œuf ! » dit Philotis.

Mais Myrtocleia fit un geste :

« Viens, Théano, il faut te coucher. Tu n’es pas bien. Viens avec moi.

— Ah ! ha !… Ah ! ha !… » riait l’enfant.

Et elle prit son sein dans sa petite main en criant d’une voix altérée :

« Ah ! ha !… le miroir…

— Viens ! répétait Myrto impatientée.

— Le miroir… il est volé, volé, volé ! Ah ! haaaa ! Je ne rirai jamais tant quand je vivrais plus que Cronos. Volé, volé, le miroir d’argent ! »

La chanteuse voulait l’entraîner, mais Philotis avait compris.

« Ohé ! cria-t-elle aux autres en levant les deux bras en l’air. Accourez donc ! on apprend des nouvelles ! Le miroir de Bacchis est volé ! »

Et toutes s’exclamèrent :