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les mains comme une reine d’Asie qui essaye une tiare.

Sa grande sœur qui l’écoutait, assise sur le lit et les pieds ramenés, se mit à genoux pour se rapprocher d’elle et posa les deux mains sur ses fines épaules.

« Tu as un amant, Cléopâtre ? »

Elle parlait maintenant avec timidité, presque avec respect.

La petite répondit sèchement :

« Si tu ne me crois pas, regarde. »

Bérénice soupira :

« Et quand le vois-tu ?

— Trois fois par jour.

— Où cela ?

— Tu veux que je te le dise ?

— Oui. »

Cléopâtre à son, tour interrogea :

« Comment ne le savais-tu pas ?

— J’ignore tout, même ce qui se passe au Palais. Démétrios est le seul sujet dont j’entende que l’on m’entretienne. Je ne t’ai pas surveillée, c’est ma faute, mon enfant.

— Surveille-moi si tu veux. Le jour où je ne pourrai plus faire ce qui est ma volonté, je me tuerai. Donc tout m’est égal. »

En secouant la tête, Bérénice répondit :

« Tu es libre… D’ailleurs, il serait trop tard pour que tu ne le fusses plus… Mais… réponds-moi,