Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

collier. Il a été donné en salaire par un homme dont elle ignore le nom et chaque émeraude est un baiser où tu as vécu un instant. »

Elle s’inclina une dernière fois plus longtemps, mit le collier dans les mains du prêtre et fit un pas pour s’en aller.

Le prêtre la retint.

« Que demandes-tu à la déesse pour ces précieuses offrandes ?

Elle sourit en secouant la tête, et dit :

« Je ne demande rien. »

Puis elle passa le long de la procession, vola une rose dans une corbeille et la mit à sa bouche en sortant.

Une à une les femmes suivirent. La porte se referma sur le temple vide.

Démétrios restait seul, caché dans le piédestal de bronze.

De toute cette scène il n’avait perdu ni un geste ni une parole, et quand tout fut terminé, il resta longtemps sans bouger, à nouveau tourmenté, passionné, irrésolu.

Il s’était bien cru guéri de sa démence de la veille, et il n’avait pas pensé que rien, désormais, pût le jeter une seconde fois dans l’ombre ardente de cette inconnue.

Mais il avait compté sans elle.