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fondes vagues pleines d’ombre qui engloutissaient les oreilles et se tordaient en sept tours sur la nuque. Le nez était délicat, avec des narines expressives qui palpitaient quelquefois, au-dessus d’une bouche épaisse et peinte, aux coins arrondis et mouvants. La ligne souple du corps ondulait à chaque pas, et s’animait du roulis des hanches ou du balancement des seins libres sous qui la taille pliait.

Ses yeux étaient extraordinaires, bleus, mais foncés et brillants à la fois, changeants comme des pierres lunaires, à demi-clos sous les cils couchés. Ils regardaient, ces yeux, comme les sirènes chantent…

Le prêtre se tournait vers elle, attendant qu’elle parlât. Elle dit :


« Chrysis, ô Chryseia, te supplie. Accueille les faibles dons qu’elle pose à tes pieds. Écoute, exauce, aime et soulage celle qui vit selon ton exemple et pour le culte de ton nom. »


Elle tendit en avant ses mains dorées de bagues et se pencha, les jambes serrées. Le chant vague recommença. Le murmure des harpes monta vers la statue avec la fumée rapide de l’encens que le prêtre brûlait dans une cassolette frémissante.

Elle se redressa lentement et présenta un miroir de bronze qui pendait à sa ceinture.