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— C’est Naucratès qui veut te parler. Je lui dis que tu n’es pas libre.

— Mais si, quelle bêtise ! certainement si, je suis libre ! Entre, Naucratès. Je suis dans ma chambre. »

Et elle se remit au lit.


Naucratès resta quelque temps sur le seuil, comme s’il craignait d’être indiscret. Les deux musiciennes ouvraient des yeux encore pleins de sommeil et ne pouvaient pas s’arracher à leurs rêves.

« Assieds-toi, dit Chrysis, je n’ai pas de coquetteries à faire entre nous. Je sais que tu ne viens pas pour moi. Que me veux-tu ? »

Naucratès était un philosophe connu, qui, depuis plus de vingt ans, était l’amant de Bacchis et ne la trompait point, plus par indolence que par fidélité. Ses cheveux gris étaient coupés courts, sa barbe en pointe à la Démosthène et ses moustaches au niveau des lèvres. Il portait un grand vêtement blanc, fait de laine simple à bande unie.

« Je viens t’inviter, dit-il. Bacchis donne demain un dîner qui sera suivi d’une fête. Nous serons sept, avec toi. Ne manque pas de venir.

— Une fête ? À quelle occasion ?

— Elle affranchit sa plus belle esclave, Aphrodisia. Il y aura des danseuses et des aulétrides. Je