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Elles criaient leurs noms sur son passage et quelques-unes y ajoutaient l’affirmation de leur nature ardente ou l’offre d’une pratique anormale. Démétrios suivait le chemin ; il se disposait, selon son habitude, à prendre au hasard dans le troupeau, quand une petite fille toute vêtue de bleu pencha la tête sur l’épaule, et lui dit doucement sans se lever :

« Il n’y a pas moyen ? »

L’imprévu de cette formule le fit sourire. Il s’arrêta.

« Ouvre-moi la porte, dit-il. Je te choisis. »

La petite, d’un mouvement joyeux, sauta sur ses pieds et frappa deux coups du marteau phallique. Une vieille esclave vint ouvrir.

« Gorgô, dit la petite, j’ai quelqu’un ; vite, du vin de Crête, des gâteaux, et fais le lit. »

Elle se retourna vers Démétrios.

« Tu n’as pas besoin de satyrion ?

— Non, dit le jeune homme en riant. Est-ce que tu en as ?

— Il le faut bien, fit l’enfant, on m’en demande plus souvent que tu ne penses. Viens par ici : prends garde aux marches, il y en a une qui est usée. Entre dans ma chambre, je vais revenir. »

La chambre était tout à fait simple, comme celles des courtisanes novices. Un grand lit, un second lit de repos, quelques tapis et quelques sièges la meublaient insuffisamment ; mais par