Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Oh ! s’écria Byblis. Par où a-t-il passé ? Si tu l’as vu, dis-le-moi… »

L’hamadryade étendit vers la droite un de ses longs bras de branchages, et Byblis la remercia d’un regard reconnaissant.

Elle marcha encore longtemps, cette nuit-là. Le sentier continuait toujours, à peine distinct sous les feuilles tombées ; il allait, sans cesse détourné, au hasard du sol et des arbres, il montait, il descendait, dans l’ombre, interminablement.

Enfin, épuisée de fatigue, Byblis tomba sur la mousse et dormit.

En s’éveillant, le lendemain, sous le soleil déjà haut, elle sentit une étrange douceur le long de sa main étendue. Elle ouvrit les yeux : une biche blonde la léchait avec lenteur. Mais, au premier mouvement de Byblis, la délicate bête sauta sur ses pattes fines et releva les deux oreilles, en fixant tout à coup devant elle ses admirables yeux humides, noirs et brillants comme l’eau des roches.

« Biche, dit Byblis, à qui es-tu ? Si tu es à la déesse Artémis, guide-moi, car je la connais. Je lui donne, à la pleine lune, des libations de lait de chèvre et elle m’en sait gré, biche, elle m’aime bien. Si donc tu es de son cortège, exauce-moi dans l’angoisse où je suis, et sache que tu ne déplairas pas à la bonne Chasseresse de la Nuit. »

La biche parut comprendre ; elle partit en avant,