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Taureau humain, fruit de la honte de Pasiphaë.

Ils s’étaient fiancés. Cependant deux d’entre eux restaient solitaires : le héros Thésée, confiant en ses mains, et la vierge Myris qui marchait auprès de lui.

Et le soir montait de la terre.

Sous le feuillage horizontal des Cèdres, à travers la forêt clair-plantée, les rayons allongés du couchant s’étendaient comme des lames d’épées impalpables et transparentes.

Les condamnés, deux à deux, traversaient lentement ces grandes armes du soleil. Ils savaient exactement combien ils en rencontreraient jusqu’à l’entrée du Labyrinthe. Et après la dernière ce serait la nuit terrible.

Du moins, ils le croyaient ainsi, mais Thésée, et Myris en lui, avaient d’autres certitudes.

Ils marchaient.

Ils marchaient.

Ils arrivèrent enfin.

Mais ils n’avaient pas encore dépassé le dernier rayon de soleil quand ils entendirent, en arrière, un pas rapide sur les feuilles mortes.

Ils se retournèrent : une femme était là, arrêtée.

Elle était de belle stature, bien chaussée de courroies étroites et vêtue de la tunique courte des suivantes d’Artémis. L’étoffe blanche, attachée aux épaules par deux agrafes d’or repoussé, était serrée à la ceinture et laissait découverts ses