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esclave d’une chemisette à manches, l’accompagnait pour la servir et portait sur ses épaules le siège où Komitô s’asseyait pendant les représentations.

Comme elle n’était pas encore formée, Théodôra ne s’unissait point aux hommes ainsi qu’eût fait une femme, mais elle s’accouplait aux débauchés à la façon masculine. Ceci, elle le proposait même aux esclaves qui attendaient leurs maîtres dans les couloirs du théâtre, et qui, trouvant l’occasion bonne, faisaient avec elle cette infamie. Elle passa dans ce mastropéion un temps assez long qu’elle occupa de la sorte en livrant son corps à des actes contre nature.

Sitôt qu’elle parvint à la puberté et qu’elle fut nubile, elle monta sur la scène et devint rapidement courtisane, mais de celles qu’on appelait autrefois des marcheuses. Elle ne savait jouer ni de la flûte ni du psaltérion et jamais elle ne s’était sérieusement exercée à la danse. Elle se contentait de livrer sa jeunesse aux premiers venus et travaillait de toutes les parties de son corps. Ainsi elle se donna à tous les mimes du théâtre et partagea leur genre de vie, aidant à leurs farces et à leurs bouffonneries, car elle était spirituelle et futée d’une façon très originale et on la remarquait tout de suite quand elle arrivait en scène.

On ne la vit jamais avoir une pudeur quelconque devant un homme, ni se troubler. Elle se prêtait