Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ses cheveux jaunes comme du miel avaient couché sur ses épaules comme une courte chevelure d’éphèbe.

Ses longs yeux étaient alourdis et ternes comme les figues de l’arbre, et ne regardaient plus.

Son corps était celui d’un jeune homme très beau, car elle n’avait pas de seins bien qu’elle fût nubile, et ses hanches étaient très étroites et son ventre lisse et plat.

Un lys rouge avait poussé pendant la nuit entre ses jambes droites jusqu’à épanouir sa fleur sur le sexe interdit aux faunes.

Et du pied du lys jaillissait une source, qui était la nymphe Salmakis.


Salmakis parle.


« Tu pourrais me tuer, mon front ne serait pas plus pâle ; tu pourrais les couper avec tes dents, mes seins, ils ne seraient pas plus rouges ; tu pourrais user tes lèvres à baiser mes dix orteils, mes pieds ne seraient pas plus roses qu’ils ne sont. Je connais mieux que toi ma beauté.

a Souvent je me suis mise à genoux dans la mousse mouillée qui ourle ma source, et, les mains posées sur ces deux pierres polies où se brisent mes eaux, j’ai regardé mon beau corps se refléter lui-même. Mais les arbres sont si hauts que l’eau est tout à fait sombre. Peut-être, je suis plus belle