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« Ah !… Dzeus !… oh !… oh !… Oh !… mon amant ! »

Elle se jeta à terre dans le trésor ruisselant.

« Hélas ! Hélas ! dit la nourrice. Hélas ! cela devait arriver. »

Danaë avait rejeté sa tunique, sa ceinture, ses rubans brodés :

« Dzeus adoré ! Dzeus amant ! Dzeus tendre ! je t’ai donc revu enfin et comme autrefois, dans une prison d’airain. C’était toi qu’on cachait dans cette nuit souterraine, Dieu foudroyant ! Depuis qu’on m’a laissée libre, c’est toi qu’on a voulu murer, et moi je mourais sous le soleil, ignorant la retraite où se cachait ta splendeur par qui Persée a grossi dans mon sein ! Amant ! Amant ! Je suis là ! Éveille-toi ! Anime-toi ! Soulève-toi ! Je suis Danaë ! Danaë !… »

Et elle se roulait sur le métal glacé.

« Tu ne m’entends pas ?… Oh ! que tu es froid ! Mes mains sont comme dans la neige… Ah !… Ah !… il retombe… il ne me connaît plus. Ce n’est pas lui, nourrice… Dis-moi donc que ce n’est pas lui… J’avais bien deviné ce qui arriverait… Je ne vois plus… J’ai mal dans les bras…

— Venez, Danaë, dit la nourrice. Venez, remontez tout de suite. Il ne faut pas rester plus longtemps ici. »