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LE PASSANT


Comme j’étais assise le soir devant la porte de la maison, un jeune homme est venu à passer. Il m’a regardée, j’ai tourné la tête. Il m’a parlé, je n’ai pas répondu.


Il a voulu m’approcher. J’ai pris une faulx contre le mur et je lui aurais fendu la joue s’il avait avancé d’un pas.


Alors reculant un peu, il se mit à sourire et souffla vers moi dans sa main, disant : « Reçois le baiser. » Et j’ai crié ! et j’ai pleuré. Tant, que ma mère est accourue.


Inquiète, croyant que j’avais été piquée par un scorpion. Je pleurais : « Il m’a embrassée. » Ma mère aussi m’a embrassée et m’a emportée dans ses bras.