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LES PIEDS NUS


J’ai les cheveux noirs, le long de mon dos, et une petite calotte ronde. Ma chemise est de laine blanche. Mes jambes fermes brunissent au soleil.


Si j’habitais la ville, j’aurais des bijoux d’or, et des chemises dorées et des souliers d’argent… Je regarde mes pieds nus, dans leurs souliers de poussière.


Psophis ! viens ici, petite pauvre ! porte-moi jusqu’aux sources, lave mes pieds dans tes mains et presse des olives avec des violettes pour les parfumer sur les fleurs.


Tu seras aujourd’hui mon esclave ; tu me suivras et tu me serviras, et à la fin de la journée je te donnerai, pour ta mère, des lentilles du jardin de la mienne.