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NYMPHE


La fontaine du bois l’abreuve, la mire, lui rit et la baigne. À plat ventre sur la mousse tendre, la coureuse altérée boit dans le creux de sa main.

C’est là qu’elle peigne tous ses cheveux, les déploie et les soulève, tord la masse noire entre ses poings, la roule et l’attache à la nuque avec le ruban vert cueilli d’un roseau.

Coiffée, elle se dépouille et entre dans le bassin ; mais si familière avec lui, si heureuse de plonger, si belle, qu’un esprit éternel semble animer son apparence.

Et quand, debout dans l’eau obscure qui entoure ses cuisses rondes, elle cherche à voir son image, le reflet qui la continue est l’ondine de la fontaine.