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                                    III

Pour cuirasser ton cœur contre ma faible main,
Telle que les Vertus des hautes mosaïques
Tu dresses fortement sur ton torse hautain
Deux grands casques de guerre aux crêtes héroïques
Et ton poitrail surgit comme bardé d’airain.

Mais parfois tes fureurs durant les nuits cruelles
Se couchent au niveau de mes lèvres d’enfant,
Et tu daignes fléchir sur ton corps triomphant
L’éclosion sereine et vaste des mamelles.

Je te regarde alors sous ton bras indolent,
Et je cherche, étendu devant tes chairs païennes,
Vierge ! quelle Amphitrite aux mains céruléennes,

Quelle Thétis distraite, avec un geste lent, —
De ses doigts bleus encor des glauques empyrées

Stria l’or de tes seins d’artères azurées.