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ÉMAUX SUR OR ET SUR ARGENT



                                      I

Ô gloire et nuit des eaux ! mare aux lueurs livides !
Vol de nénufars blancs entre deux ciels de soir
Immobiles, crépusculaires… Ô miroir
Orageux du soleil couchant sur les champs vides.
Ombre d’eau corrompue, éblouissement noir…

Ô fauve amas d’inextricables longues pailles.
Lumière en floraison dans la lumière. Essor
D’aurore foisonnante aux flammes des broussailles
Écumantes parmi la sueur de messidor.

Ô, silence ! — rayons dardés hors du mirage
Où des éclats d’étoile ont gravé leur sillage
Car c’est l’immense paix du ciel nocturne, encor.

Et voici qu’en mes bras de brume, soulevée,
Réfléchissent la gloire et l’étoile arrêvée

Tes longs yeux verts stagnants sous des frondaisons d’or.