Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ÉLÉVATION


Dans le mystique amour de ta bouche,
Je deviens grave et religieux.
Mon front se courbe et mes doigts s’unissent
Dans le mystique amour de tes yeux.

Ta bouche est là, dans sa chair de bronze,
Jetant des feux dans l’ombre du soir :
Ors byzantins gemmés d’escarboucles.
Ta bouche est là, comme un ostensoir.

Tes yeux sont là, qui m’ont rendu lâche.
Astres d’amour et d’impureté,
Lueurs des nuits chaudes et bleuâtres,
Tes yeux sont là comme un ciel d’été.

Et je me dis, voyant sous un nimbe
Ta bouche d’or monter vers les yeux…
Je ne sais rien du prêtre invisible,
Mais je me dis : Ce sont les vrais dieux !