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LE PÊCHEUR



C’est un lac vert, toujours dominé par le chant
D’un dieu qui l’assombrit de toute sa personne.
Les joncs que Hadès fauche et qu’Artémis moissonne
Y luisent, plus pressés que les herbes d’un champ.

Un satyre debout et noir sur le couchant,
Portant le trident mince et la creuse nassonne,
Au bord de l’eau fertile où le cygne frissonne,
Guette la carpe brusque et le carquin méchant.

Il pêche, mais le bras des naïades ondoie,
Rassemble tour à tour et disperse la proie,
Nage, fuit, trouble l’eau nocturne, disparaît,

Et le filet qui sort de la fraîcheur lacustre
Ne jette sur la berge au bouc de la forêt
Qu’un insecte, écrasé dans les ongles du rustre.